Encore quelque peu anecdotique il y a dix ans, le motion design s’impose de plus en plus dans le corpus de communication des marques, dont il devient un élément structurant. Aux côtés du design graphique, du retail design et du design sonore, le motion design a gagné ses galons de « vrai » design, avec des missions en parfaite continuité avec celles du design « classique ».
Ce qui n’était pas a priori une évidence si l’on se souvient des origines du motion design, qui remonte aux années 50/60. Le « motion graphic » permet alors de produire des génériques de films. Certains sont de véritables pépites malgré la pauvreté des technologies, comme ceux de l’illustre et ingénieux pionnier Maurice Binder, l’auteur des génériques de James Bond.
Le motion design, lointain héritier de ces motion graphics, a-t-il sa place aujourd’hui ? Ce qui prime, c’est le design thinking, et celui-ci préside au motion design comme à toutes formes de design. Dans une conception élargie du design, où la stratégie et la créativité doivent être mobilisées à égalité, et où l’humain est mis au centre de tout, le motion design propose une expérience tout sauf classique.
Animations 2D, 3D, wording animé, montage, stop motion, animation traditionnelle image par image, animation vectorielle : quelle que soit la formule choisie, la représentation graphique est un outil de communication émotionnel. Si tant est qu’il soit parfaitement aligné avec l’univers de la marque et ses autres éléments de communication, le motion design fait appel aux émotions, au niveau conscient ou plus subconscient. L’impact est bien plus fort que du texte ou qu’une simple affiche. C’est ce qui fait sa différence et sa puissance et ce qui explique en partie son succès.
L’autre raison de l’essor du motion design, c’est le progrès des outils et leur relative démocratisation. On peut ainsi trouver sur le marché des logiciels de motion design pour 50 dollars par mois. Ce qui peut laisser croire que tout le monde peut faire du motion design.
De plus en plus friandes de motion design, beaucoup d’entreprises, qui y voient parfois une opportunité de créer du contenu à bas coup, s’y essaient en interne. Dans certains cas, le studio interne sera composé du graphiste/motion designer maison, dans d’autres il s’agira d’un alternant et bien d’un chargé de production chargé de coordonner des freelances extérieurs…dans tous les cas, nous constatons que l’idée d’intégrer un studio interne, qui semble excellente sur le papier, fait prendre le risque d’une baisse de qualité, de créativité et de réactivité dans la production. On finit par produire et diffuser du contenu sans réel sens, on l’on participe au bruit ambiant.
Car si le design reste un métier, le motion design ne l’est pas moins. Les écoles de design ne s’y trompent pas et proposent de plus en plus des filières motion design et beaucoup de graphistes autodidactes se spécialisent.
En dépit de l’apparente facilité des logiciels, jamais ceux-ci ne pourront remplacer certaines expertises. Celle, pour commencer, de construire une stratégie et élaborer une scénarisation parfaitement en cohérence avec le positionnement de l’entreprise. Pour cela, il est important d’avoir une connaissance fine de l’impact du motion design, de la manière dont il peut être adapté à l’entreprise en question. Choisir le ou les formes d’animation les plus adéquats, les mixer si besoin. Il en va de la qualité du fini. Pour exemple, l’animation traditionnelle dite « image par image » requiert plus de ressources et un solide savoir-faire artisanal. La bonne 3D, elle non plus, n’est pas donnée à tous… Malheureusement, le motion design dit beaucoup de l’entreprise qui le diffuse, selon la qualité d’exécution, il communique sur le sens esthétique, le positionnement, la modernité, la capacité d’innover…tant d’éléments stratégiques pour l’entreprise. Un motion design mal exécuté, abîmera la marque.
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