Conscients des enjeux climatiques et des préoccupations de leurs clients, les distributeurs s’engagent depuis plusieurs années vers une décarbonation de leurs activités. La plupart possèdent déjà des objectifs chiffrés et validés par la Science Based Targets Initiative (SBTi), une initiative collective qui vise l’accompagnement des entreprises via une méthodologie alignée et cohérente avec les recommandations du GIEC. Dans ce contexte, le secteur de la grande distribution est mobilisé dans la définition et l’application de stratégies bas carbone pour réduire son impact.
Accenture, leader mondial de services professionnels, avec plus de 16 000 experts du secteur du Retail à travers le monde, accompagne les plus grands distributeurs sur leurs enjeux de décarbonation, et met en lumière dans cet article les principaux leviers sur l’ensemble de la chaîne de valeur.
L’énergie consommée par les distributeurs représente environ 55% des émissions de scope 1 et 2, c’est-à-dire des émissions directes et indirectes liées à la consommation d’énergie, selon une analyse Accenture du Carbon Disclosure Project (CDP). L’énergie constitue ainsi l’un des principaux axes de décarbonation des magasins physiques et des entrepôts.
La rénovation et l’amélioration du Diagnostic de Performance Energétique (DPE) des magasins peut réduire considérablement la consommation d’énergie, tout en diminuant les dépenses financières. Les priorités des distributeurs sont ainsi l’isolation du bâtiment et la modernisation des systèmes d’éclairage, de climatisation, de chauffage et des meubles frigorifiques. Toutefois, ce levier nécessite des investissements importants sur la durée, qui sont parfois difficiles à prioriser dans un secteur en profonde concentration. Une planification rigoureuse est essentielle pour cibler les efforts.
Les produits alimentaires vendus représenteraient en moyenne 70% des émissions totales d’un distributeur.
Pour diminuer l’empreinte liée aux produits en rayons, il est nécessaire de questionner l’offre proposée aux clients. En effet, 45% des émissions carbone sont concentrées sur les produits alimentaires d’origine animale : la viande, les produits laitiers et les œufs. Le rapport de la Commission EAT-Lancet de 2017, qui fournissait les premiers objectifs scientifiques pour une alimentation saine et une production alimentaire durable, préconisait de diviser la consommation de ces catégories de produits par trois.
Les assortiments proposés par les distributeurs doivent donc évoluer avec des alternatives aux protéines animales tout en gardant une parité dans les prix proposés aux clients. Par exemple, Leclerc collabore avec Heura pour déployer en test dans certains de ses magasins des boucheries « végétales » (source), et Lidl s’attèle à aligner les prix de ses alternatives végétales sur ceux des produits d’origine animale qu’ils visent à remplacer (source).
D’autres initiatives sont souvent déjà en test ou partiellement en place, comme l’approvisionnement en produits locaux et de saison, le vrac et le réemploi. C’est le cas par exemple de Monoprix qui teste la consigne en partenariat avec Loop (source) ou de So.bio et Bio c’ Bon qui élargissent le test de la consigne de 5 à 13 magasins (source). Ces initiatives sont à encourager et à passer à l’échelle pour avoir un impact significatif.
50% des trajets seront réalisés à pied ou à vélo en 2050, et les magasins doivent dès à présent se préparer aux nouvelles mobilités. Et cela par le biais d’aménagements d’espaces pour les vélos cargos, de modèles de livraison par tournée décarbonés, et de mises en place de bornes de recharge pour les voitures électriques par exemple.
La Loi d’Orientation des Mobilités (LOM) de 2019 incite d’ailleurs à la mise en place des bornes de recharge électriques aux abords des points de vente. Tandis que la loi relative à l’accélération des énergies renouvelables (APER) de 2023 impose d’installer des panneaux photovoltaïques sur les parkings couverts. Ces législations ont pour ambition de permettre aux magasins de demain d’être autonomes et neutres en énergie. Cela a donné l’occasion à Carrefour, par exemple, de produire de l’électricité afin d’en faire une opportunité de revenus additionnels (source).
À coûts équivalents, le transport de 1000km de marchandises est cinq fois moins émissif en utilisant les leviers de décarbonation. Nombre de distributeurs entreprennent déjà des démarches d’optimisation de leur chaîne d’approvisionnement, comme Carrefour et Danone qui se remettent au fret ferroviaire (source) ou Biocoop qui optimise l’approvisionnement de ses magasins (source) par exemple.
Bien que cette optimisation soit cruciale pour atteindre leurs objectifs de décarbonation, les distributeurs ne pourront pas les atteindre seuls. La collaboration avec les fournisseurs, les logisticiens, l’Etat et les collectivités, ou encore les constructeurs automobiles est cruciale car chacun a un rôle à jouer. D’autant plus que les projets d’infrastructure se déploient souvent sur le long terme. Il est nécessaire de mettre en place dès aujourd’hui les programmes qui permettront le transport de marchandise décarboné de demain, et notamment sa mise à l’échelle.
Relever le défi de la décarbonation est vital pour les acteurs de la grande distribution. En optimisant la consommation d’énergie, l’assortiment produit en rayon et en faisant évoluer de manière radicale la mobilité et les transports, les distributeurs pourraient réaliser des progrès substantiels vers la durabilité.
Le chemin de la décarbonation est complexe et demande des investissements, de la collaboration, un état d’esprit différent, mais il est le seul possible pour un avenir durable pour toutes et tous.
En vous inscrivant à la newsletter vous acceptez de recevoir des mails de Digital Mag sur son actualité et ses offres en cours. Vous pouvez à tout moment vous désinscrire dans la partie basse des Newsletters envoyées.