L’image de la tour de Babel illustre parfaitement le marché actuel. On compte pléthore d’acteurs et aussi de besoins. Les services offerts pour la gestion des liquidités et des paiements ne cessent de croitre et de se diversifier, augmentant par là même le nombre de paramètres à prendre en compte lors d’une transaction financière. Cette diversité est telle, qu’elle nécessite une compréhension sine qua non de la part des acteurs pour commercer. Cependant, à ce jour, personne ne peut proposer une solution unique parfaite cochant toutes les cases en termes d’offres produits, d’expérience client et tout cela, pour un coût modique. La logique de réseau est donc celle qui prévaut aujourd’hui. De plus un seul réseau de paiement ne peut suffire à servir la multiplicité croissante des usages et des contraintes réglementaires des différents types d’acteurs du commerce mondial. Il existe néanmoins des réseaux mondiaux qui ont pu s’adapter aux différents usages tels que le commerce électronique ou de proximité, de détail ou de gros. Mais ces systèmes ne sont pas présents dans tous les pays, dans toutes les monnaies et pour tous les usages. Par exemple, l’utilisation des réseaux Visa / Mastercard est interdite pour vendre ou acheter en Chine. En effet, d’une part, le Yuan chinois est partiellement convertible avec beaucoup de contraintes règlementaires (obtention de licences, etc.), et d’autre part, le gouvernement chinois n’autorise pas ou peu les entreprises étrangères et plus particulièrement américaines à prendre part à un sujet aussi sensible que la souveraineté monétaire, particulièrement en ce moment
Depuis l’essor de l’économie mondiale dans les années 50 et la chute du mur de Berlin, plusieurs réseaux uniques, souvent américains, ont émergé pour répondre à ce besoin de commerce « au-delà des frontières », avec la promesse de répondre à tous les cas de figures. Or, cette logique « one fits all » pose de nombreux problèmes. A commencer par la multiplication des intermédiaires pour faire arriver l’argent de l’acheteur A au vendeur B. La lenteur dans la gestion des remises d’argent est la première contrainte rencontrée. Celle-ci est liée à des problématiques de change et aux limitations réglementaires gouvernementales et du réseau lui-même. L’entité est-elle implantée localement ? La monnaie est-elle convertible ? Les sorties et entrées de capitaux sont-elles limitées ? Est-ce que le réseau l’autorise ?
Par ailleurs, la fiabilité des intégrations techniques pose aussi problème, et ce pour deux raisons. Premièrement, le partage de responsabilité dans la chaîne de valeur, plus explicitement lorsqu’une transaction échoue. Qui est tenu pour responsable ? De la même manière, la multiplication des maillons entraine inévitablement une distorsion à chaque utilisation d’un intermédiaire. Chacun d’entre eux impose son filtre du fait de ses propres contraintes techniques héritées, de ses choix produits et de sa stratégie commerciale. Sans oublier que la logique réseau « one fits all » a un prix ; celui de la limitation de l’expansion du marché. Idem pour l’offre de service qui se retrouve ainsi limitée à une unique transaction (A vers B), alors même que celle-ci entraine une explosion des coûts : chaque acteur doit être gratifié, au détriment souvent des contreparties de la transaction (envoyeur / receveur).
De facto, pour poursuivre l’exercice de leur métier, les acteurs du commerce ont dû s’adapter. D’une part, ils ont eux-mêmes multiplié les nouvelles routes techniques et points d’entrée en local pour encaisser des fonds ; là où les réseaux existants ne pouvaient y répondre. D’autre part, ils ont créé des processus financiers supplémentaires à chaque nouvelle expansion de marché pour absorber ces nouvelles routes. Ces acteurs ont donc imposé une nouvelle logique à toute l’industrie du paiement, ‘Go local to go global’. D’ailleurs, certains grands acteurs mondiaux, choisissent délibérément désormais d’avoir plusieurs prestataires de service quand il s’agit de l’encaissement et du paiement ; voire carrément d’en assumer la charge pour toute ou partie dans la chaine.
L’industrie du paiement est totalement en réactivité, et de ce fait, une partie de ses utilisateurs se sent démunie. L’industrie peine à répondre à ces nouveaux besoins d’expansions à travers le monde. Cela s’explique par un manque de solutions disponibles pour couvrir tous les besoins de la nouvelle économie ; à la fois numérique, transnationale et multipolaire. Quand une plateforme transnationale ne peut pas recevoir de paiements, car ses vendeurs et acheteurs sont partout dans le monde, et que les réseaux qu’elle utilise imposent des logiques de zones, ou dictent des règles contradictoires, il devient très difficile de croitre et encore plus de gagner des marchés.
Pour comprendre les nouveaux besoins et rouages de la nouvelle économie, l’industrie du paiement doit déjà sensibiliser les utilisateurs à ne pas négliger l’importance du paiement dans un projet de développement international (bien souvent perçu comme un simple détail) ; dans le même temps les acteurs du paiement doivent être à l’écoute et surtout se réinventer et prendre des risques. Il ne s’agit pas de répondre partiellement à l’équation avec de vieilles solutions mises à jour, ou des ajustements à la marge, mais bien de faire ‘tabula rasa’ afin d’offrir des outils adaptés à la mondialisation des échanges. L’industrie du paiement doit aussi utiliser le poids qu’elle pèse sur l’économie mondiale, pour faire infléchir des réglementations pas toujours adaptées aux nouveaux usages.
Plusieurs acteurs ont compris l’importance de ces logiques transnationales. En ayant conscience de la globalisation, ils proposent des produits adaptés au commerce mondial. Masi aucun produit ne pourra jamais couvrir 100% des besoins ; et cela les acteurs du commerce mondial l’ont très bien compris !
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